Un couple de personnes âgées amoureuses qui s'enlace devant un décor nature.

La question des relations affectives et sexuelles en institution ne devrait plus être un sujet tabou. L’amour et les sentiments sont en effet l’affaire de tous, sans distinctions, quelles qu’elles soient. Et si on osait parler d’amour ? Entretien avec Élisabeth Simon, infirmière et formatrice EVRAS.

 

Quand elle n’exerce pas en tant que soignante, Élisabeth met son expérience et ses compétences au service de l’EVRAS. Son rôle ? Aborder sans tabou et sans vulgarité les questions liées au domaine de l’intimité. Pourquoi ? Parce que l’enjeu de l’EVRAS est bien plus important qu’il n’y parait !

 

Élisabeth, comment décrire en quelques mots en quoi consiste l’EVRAS ?

L’EVRAS, c’est tout simplement une éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle. C’est en fait accompagner les personnes dans le développement de leur vie relationnelle, affective et sexuelle. En tant qu’éducatrice EVRAS, mon rôle est de faire en sorte que toute personne puisse avoir accès à des informations fiables, complètes et adaptées.

Le mot adapté est important lorsque l’on aborde la question de l’EVRAS. Il ne faut pas oublier que nous allons entrer dans une sphère plus intime. Nous allons réellement parler d’amour ! Aussi, pour moi, il est vraiment important de pouvoir adapter mon discours aux personnes que j’accompagne en tenant compte de leur âge, leur situation, leur milieu de vie, …

 

Parler d’amour devrait être naturel. Pourtant, l’EVRAS essuie beaucoup de critiques !

C’est vrai ! Beaucoup de rumeurs et de fausses représentations ont circulé et circulent encore.

D’ailleurs, c’est assez interpellant de se dire que l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle est l’affaire de tous et de constater le nombre d’idées préconçues qui circulent.

Pourtant, s’il y a un point sur lequel il faut être au clair, c’est bien le suivant. L’EVRAS n’incite à rien, bien au contraire. Chacune de nos animations doit se faire dans le respect de la liberté de chacun. Pour y parvenir, pas de secret, nous nous devons d’utiliser le dialogue, l’écoute active, et surtout faire preuve d’ouverture d’esprit.

Lorsque l’on parle d’EVRAS, lorsque l’on va  parler d’amour, il faut vraiment garder deux choses à l’esprit :

  • Notre but, en tant qu’éducateur, est de permettre à tout un chacun d’obtenir des informations concrètes et des réponses objectives aux questions tournant autour de l’affectivité et de la sexualité ;
  • L’EVRAS est un outil à ne pas négliger dans la mesure où il s’agit d’une piste importante à suivre pour qui veut travailler dans le sens du mieux-vivre ensemble.

L’individu possède des droits fondamentaux, dont le droit à la santé sexuelle et au plaisir, et le pouvoir de contrôler son activité sexuelle et reproductrice en fonction d’une éthique sociale personnelle.

Déclaration de l’OMS (1975)

 

L’EVRAS ne se limite pas à des ateliers à destination des plus jeunes ?

Absolument pas ! Il n’y a pas d’âge pour parler d’amour.

C’est un fait : l’intimité, l’affectivité et la sexualité ne s’éteignent pas avec l’âge.

Pourtant, malgré les indéniables changements dans la façon de penser la sexualité des personnes âgées, malades ou encore en situation de handicap, certains tabous persistent.

En effet, on constate que le personnel encadrant ces personnes rencontre encore des difficultés pour répondre aux demandes des résidents. Il est, aujourd’hui encore, difficile d’accompagner correctement les différentes demandes des protégés. Tout comme il est encore parfois difficile d’accompagner les comportements sexuels exprimés par les bénéficiaires au sein des institutions.

Faire tomber ces barrières est important. Parler d’amour, d’intimité, de vie privée, de sexualité, … fait partie intégrante de la vie, y compris de la vie des personnes âgées.

 

Lors des ateliers EVRAS en maisons de repos, à quoi doivent s’attendre les participants ?

Il faut savoir que la législation wallonne prévoit de faire respecter l’EVRAS dans les services qui accueillent des personnes âgées. Et c’est normal ! Prendre soin des résidents de façon adéquate, c’est savoir accueillir leurs besoins. Tous leurs besoins, y compris leurs besoins d’affectivité, de proximité, et de sexualité.

Lors des ateliers de formations ou de sensibilisation en MR / MRS, j’aborde les questions liées à l’intimité sous différents angles :

  • Le respect de l’intimité et de la vie privée :
  • Le respect des choix ;
  • Le non-jugement ;
  • La sexualité de la personne âgée ;
  • La gestion des rencontres amoureuses ;
  • Les réponses aux demandes liées à la sexualité ;
  • Les aspects légaux ;
  • La place des familles et des proches ;
  • La cohérence des actions et leur communication aux équipes ;
  • L’accompagnement à la sexualité ;

 

Élisabeth, comment conclure cet échange ?

Parler d’amour est donc une réelle nécessité au sein des institutions. À mes yeux, il est important de former tous les acteurs de l’institution, les résidents et les professionnels.

Mais attention, parler d’amour ne s’improvise pas ! Gardons à l’esprit que ce sont des sujets intimes qu’il faut aborder avec sérieux, respect et sans pour autant dramatiser.

En ce qui me concerne, je tiens à privilégier une approche dynamique et participative. J’utilise différents outils, différents supports. Ce qui compte, c’est que ces ateliers EVRAS soient des moments de partages ludiques, agréables, interactifs et respectueux.

 

Êtes-vous prêts à parler d’intimité et de sexualité au sein de votre institution ?

 

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